Une quittance du 4 juillet 1733 nous informe que tous les sommiers ont été restaurés, la soufflerie refaite et  toute la tuyauterie baissée d‘ un demi-ton par François l‘Espine, facteur installé a Toulouse. Celui-ci  interviendra à nouveau en 1749 avec l’aide de son fils pour quelques réparations.     C’est au tour de Jean lsnard, en 1776, d’effectuer des réparations et d’agrandir l’instrument : adjonction d’un  4ème clavier avec plusieurs jeux, extension des claviers à 50 notes... On peut se prendre à imaginer l'éclat et la  magnificence du grand orgue de Rodez à cette époque lorsqu’on entend aujourd’hui ceux d’Albi et de Saint-  Maximin, dus également à lsnard.       Après la période révolutionnaire l’instrument a besoin de réparations : le facteur Clavel d’Albi répare le  positif et remplace un jeu au récit.      Il faut attendre 1839 pour une restauration complète. Subventionnée par le Ministère des Cultes, elle fut  réalisée par les frères Claude qui ne modifièrent pas la composition des jeux.  Sous la direction de Félix  Clément, membre de la Commission des Arts et Edifices Religieux, le facteur Pagès est autorisé en 1858 à  effectuer un certain nombre de réparations. En 1861, le travail n’est toujours pas réalisé et après le décès de  Pagès, les travaux seront achevés par la Maison Th. Puget en 1872.       En 1880 la foudre tombe sur la cathédrale : 1'orgue est endommagé mais n’est pas réparé.      A la fin du XIX° siècle l’orgue est pratiquement injouable. Mgr Francqueville, évêque de Rodez, prend à sa  charge la réfection de l‘orgue qui est confiée à la Maison Anneessens de Belgique. Inventeur d’ un  perfectionnement du système tubulaire, elle réalise un orgue qui plait aux modernistes de l'époque. Non  seulement la tuyauterie de Jean de Joyeuse et d’Isnard est entaillée, déplacée, rediapasonnée et réharmonisée,  mais les apports neufs d’Anneessens ne sont pas de première qualité. C’est en tout cas la mort de l’orgue  classique français.      En 1934 Maurice Puget remanie légèrement la composition des jeux, et vers les années 1970, la fameuse  traction tubulaire d’Anneessens est à bout de souffle.      L'orgue est démonté en 1975 et il faudra attendre 1986 pour que s’achève la restauration conduite par le  Ministère de la Culture et réalisée par le facteur d’orgues Yves Koenig de Sarre-Union.  Ayant récupéré une  grande partie de la tuyauterie ancienne (plus de 1000 tuyaux) le programme de travaux a cherché à privilégier  un retour à l’orgue de Jean de Joyeuse, tout en acceptant un élargissement des possibilités par une composition  enrichie des jeux du XVIII° siècle.  Le nouvel orgue reconstruit a été inauguré le 11 octobre 1986 par les  organistes Michel Bouvard, Georges Lartigau et Francis Chapelet.     L’INSTRUMENT (Monument Historique)   Un document daté du 23 novembre 1629 nous apprend que c’est Antoine Vernholles  (facteur d’orgues installé a Poitiers) qui construisit le grand orgue de la cathédrale de  Rodez avec le concours de Raymond Gusmond, maître sculpteur de Périgueux pour la  réalisation du buffet. L'ensemble des travaux commencés probablement en 1628  s’acheva en 1631 avec la participation de Germain Cayron pour la décoration de la  tribune. On ignore la composition de l'orgue de Vernholles sans doute influencé par la  facture flamande.       En 1657, André Eustache effectue quelques réparations et un relevage.     Vingt ans plus tard, il est à nouveau question de restaurer l'instrument de la  cathédrale. Le chapitre s’adressa à Jean de Joyeuse, l’un des plus célèbres facteurs  d‘orgues du XVIl° siècle qui introduira le style parisien pour la première fois dans le  midi de la France. Il s’agira en fait d’une reconstruction complète de l’orgue avec  réutilisation d’un bon nombre d’éléments de Vernholles.    LE BUFFET    Impressionnant par ses dimensions (plus de 20 m de hauteur), et par la richesse de son ornementation, le buffet du grand orgue est l’œuvre des ébénistes Raymond Gusmond, de Périgueux, et Germain Cayron, de Rodez. Ses boiseries sculptées de 1628 à 1631, ont retrouvé lors de la restauration de 1986 leur teinte claire et dorée d'origine, celle du noyer naturel ciré dans lequel elles sont entièrement fabriquées. Seules les armoiries de l'évêque Bernardin de Corneilhan (1614-1645) et du Chapitre de Rodez, situées tout en haut des grandes tourelles, portent les traces d'une polychromie aux couleurs vives, vert et rouge, qui n'a jamais couvert tout l’ensemble.     Le petit buffet du positif enserre neuf groupes de tuyaux, trois tourelles, deux triangles, quatre plate-faces. Des statues couronnent les tourelles : la Vierge-mère au centre, entourée des évêques St-Martial et St-Amans, évangélisateurs et patrons du diocèse. L'archaïsme du vêtement de la Vierge et le style gothique des pinacles à crochets qui surmontent les triangles, indiquent des remplois de l'orgue précédent, probablement construit au XVIe siècle.       Partout ailleurs éclate la luxuriance des décors Renaissance, fleurons et arabesques, grotesques et mascarons, bustes de harpies au visage hurlant, qui voisinent sans trop surprendre, aux six plate-faces du grand buffet, avec les rustiques statues du Roi David et de Sainte Cécile. Patrons des musiciens et des organistes, ils trônent au-dessus des deux triangles, tandis que Notre-Dame de l'Assomption, patronne de la cathédrale, s'élève au sommet de la tourelle centrale, entourée, sur les quatre tourelles latérales d’anges qui l'acclament, ailes déployées et palmes à la main.                                                                                                                              Claire DELMAS  Conservateur des Antiquités ct Objets d’Art de l’Aveyron REPERTOIRE « Retrouver une conception dans l’esprit des anciens pour obtenir les qualités  de toucher et les sonorités adéquates à la musique française des XVII° et  XVIII° siècles ». Tel était le but de la restauration-reconstruction de 1986.  L’instrument permet également une utilisation beaucoup plus large de tous  les répertoires européens allant du Moyen Age au début du XIX° siècle.  RENSEIGNEMENTS PRATIQUES   SITUATION Grand Orgue disposé en tribune au-dessus du portail d'entrée dans le transept nord. PROPRIETAIRE Etat - Conservateur de la cathédrale : M. l'Architecte des Bâtiments de France 2 bis impasse Cambon - 12000 RODEZ AFFECTATAIRE Paroisse Notre-Dame de l’Assomption - 24, rue de l'Embergue - 12000 RODEZ BIBLIOGRAPHIE - Claire DELMAS, Cathédrale de Rodez, éditions du Beffroi, Millau. - Norbert DUFOURCQ, Le livre de l'orgue français, éditions A. et J. Picard. - Yves KOENIG, Les Grandes Orgues de la Cathédrale de Rodez - La Revue du Rouergue - BP 520 -12005 Rodez Cedex. DISCOGRAPHIE - L’œuvre pour orgue de Jehan TITELOUZE par Sylvain CIARAVOLO (ADDA). - Musique des Cathédrales au XVIIe siècle» par Frédéric MUNOZ (XCP). - Noëls de J.-F. DANDRIEU au Grand Orgue - Noëls de C. FRANCK à l'orgue de chœur par Georges LARTIGAU (Coriolan). - «Les Flutes enchantées» — Œuvres à 2 et 4 mains de MOZART, PERROT et BEAUVARLET-CHARPENTIER par Georges LARTIGAU, Jean-Luc  PERROT et Jérôme ROUZAUD (DLFO). cliquer pour agrandir L’INSTRUMENT LE BUFFET REPERTOIRE RENSEIGNEMENTS PRATIQUES CONCEPTION ET REDACTION    Georges LARTIGAU  (novembre 2008) PHOTOS    D. Weil (Mission Départementale de la Culture)    L. Causse (Bâtiments de France)    Pascal Jullian - Nathalie Féral - Jean-Marc Molinier
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