HISTORIQUE
La première mention d’un orgue à Saint Amans remonte à l’an 1460. Georges Erald, alors prieur de l’abbaye, en confie la construction à Jean
BONENGIEN.
De 1515 à 1526, Antoine TABARDEL répare à plusieurs reprises l’orgue de Saint Amans.
En 1548, il est question de 2 orgues dans l’église («un grand et un petit»).
De 1610 à 1612, le frère BARDET du couvent des Jacobins (situé autrefois dans l’actuelle rue Louis Oustry) répare l’orgue «tout ruyné»…
En 1678, l’orgue est à bout de souffle. On engage Antoine COURBIN, facteur d’orgue originaire de Rieupeyroux, pour réparer et agrandir
l’instrument.
En 1745, Monseigneur de Grimaldi, évêque de Rodez, ordonne la fermeture de Saint Amans (édifice roman du XIe siècle) qui menace ruine.
L’église reconstruite est consacrée le 8 septembre 1764 ; au son de quel orgue ? Nul ne sait… probablement l’ancien instrument, lui aussi
démonté, puis remis en fonction avec les petits moyens de l’époque car la France est ruinée par les guerres.Aucune mention de travaux
d’orgue dans les registres de la Fabrique avant le 2 décembre 1814 : un certain VALETTE reçoit 348 francs pour des réparations, puis 330
francs le 30 novembre 1815.Le 9 août 1821, le Conseil de Fabrique envisage un relevage de l’orgue : CLAVEL (facteur d’orgues installé à Albi
qui est probablement déjà intervenu à la cathédrale de Rodez) recevra la somme de 100 francs. Mais … le 30 avril 1827, la fabrique prend la
décision «de se procurer un orgue en remplacement de celui qui existe et qui se trouve hors d’usage» et signe, par acte notarié, un contrat
avec le célèbre facteur d’orgue Lodovico PIANTANIDA.
Les spécialistes connaissent bien ce facteur italien pour le bel instrument de Manosque et celui de Saint Pierre d’Avignon. On sait également
qu’il construisit des orgues à Vence, Digne, Marseille… Mais la Fabrique de Saint Amans ignorait l’instabilité de Piantanida … qui fut
recueilli à la fin de sa vie par la famille des facteurs d’orgue toulousains Théodore PUGET.
Le 24 juillet 1830, puis le 8 octobre… le 22 novembre… le 28 novembre 1831… le 7 mars 1833…le 23 juillet 1835 «Monsieur PIANTANIDA se
trouvait dans le cas d’avoir besoin de quelque avance»…En août 1836, quelques jeux fonctionnent : PIANTANIDA est même rétribué
pendant 3 mois pour «avoir touché l’orgue» pendant les offices. Après le 10 octobre 1836 on perd sa trace… pendant 10 ans. Le 28 avril 1846
la Fabrique est excédée… En 1847, on voit apparaître un serpent qui touche 100 francs par an pour a
ccompagner la schola et les chantres (ce qui veut dire que l’orgue ne fonctionne probablement pas !)… Le 21 avril 1851, la mesure est comble :
on fait venir Monsieur Puget de Toulouse en qualité d’expert…
Entre temps, sur les conseils «d’habiles artistes», le Conseil de Fabrique s’était engagé le 11 septembre 1850 avec les facteurs WENNER et
GOTTY de Bordeaux pour la somme de 8000 francs. L’instrument est réceptionné le 23 septembre 1851.
Nous ne savons rien de cet instrument (pas même sa composition) qui assura son service pendant 29 années sans aucune mention de
problèmes sérieux. Le facteur d’orgues PAGES intervient en novembre 1868, septembre 1871 pour des accords et petites réparations quand
l’organiste titulaire SORIANO ne peut pas les réaliser. Celui-ci, sous prétexte d’accord instable de l’instrument, va habilement et
discrètement introduire le facteur d’orgues PUGET auprès du Conseil de Fabrique. Dès le mois de janvier 1880, on parle d’agrandir
l’instrument, de modifier la tribune et le buffet d’orgue «plus en rapport avec le style de l’église». Finalement le marché est signé le 19
décembre 1880 : le nouvel orgue aura 34 jeux sur 3 claviers et pédalier (avec réutilisation de 20 jeux de l’ancien orgue) et bénéficiera de «tous
les perfectionnements de la facture moderne» et des «matériaux de premier choix». La tribune et le buffet seront modifiés en conséquence.
PUGET tarde à commencer le travail… La Fabrique s’impatiente… L’architecte VANGINOT modifie à plusieurs reprises les plans du
buffet… Le facteur d’orgue se défend : à cause des changements incessants apportés aux plans du buffet, il ne peut commencer à construire
l’instrument en atelier, et, comme il faut bien vivre, il s’est engagé sur d’autres chantiers (cathédrale de Lodève, Montréal dans l’Aude…). Au
mois d’avril 882, l’ancien orgue de Saint Amans n’est toujours pas démonté … Mais le facteur d’orgue propose un harmonium de 4 jeux qui
coûte 500 francs… Pour se faire pardonner son retard PUGET s’engage fin 1882 à construire «un orgue entièrement neuf» : «on ne conservera
de l’ancien orgue que 12 tuyaux de la flûte de 16’ en souvenir de PIANTANIDA et un jeu de cor anglais que Monsieur SORIANO veut
personnellement conserver». Les bonnes paroles de Puget ne sont guère suivies d’effets concerts. Le 1
er
octobre 1883 personne n’est encore
venu… La Fabrique exige que l’orgue soit terminé pour Pâques 1884… Les premières caisses de matériel arriveront les 12 janvier 1884 et
s’échelonneront jusqu’au 29 octobre. L’inauguration solennelle se déroule le 8 janvier 1885 : l’orgue achevé sonne parfaitement sous les
doigts d’Alexandre Guilmant, organiste de la Trinité à Paris. Le lendemain un procès-verbal de vérification et de réception de l’instrument
est dressé par le Conseil de Fabrique : «la commission déclare à l’unanimité le grand orgue de Saint Amans recevable de tous points et elle ajoute des
éloges pour MM. TH Puget père et fils…»
La Maison Puget assurera l’entretien de l‘instrument jusqu’à la moitié du XXe siècle:
- 18 avril 1886 : les facteurs refont les 2 trémolos.
- octobre 1904 : remise en état de tout l’instrument «qui, depuis plus de 3 mois, n’est plus connaissable, attendu (sic) que les claviers du récit
et du positif ne parlent plus…»
- février 1926: installation d’une soufflerie électrique (3660 francs)
- 27 mai 1927 : réparation et révision générale de l’instrument suite à la chute d’un gros tuyau de façade survenu au mois de mars (3 ou 4000
francs)
- 31 décembre 1938 : Maurice Puget propose de remplacer le Kéraulophone par un Nazard, la Dulciana par un Octavin 2‘, le Cornet-clochette
2 rangs par une flûte douce 4’ et le Clairon par une Tierce.
- 19 février 1939 : le Conseil de Fabrique accepte la proposition de M. Puget et charge l’abbé de Moncan (organiste titulaire) de superviser les
travaux qui coûteront 8000 francs. Les travaux seront réalisés en août et septembre, et l’inauguration se déroulera le dimanche 8 octobre.
- 16 mai 1949 : «il est prévu la restauration de l’orgue».
- 14 décembre 1961, mars 1963 : accord complet et réglage par la Maison CHERON du Mans.
- décembre 1966, avril 1968 et mars 1971 : entretien par CHAUVIN de Dax qui propose de changer le Cor anglais par un Plein Jeu 5 rangs.
Pour raison de santé, Chauvin ne pourra réaliser son devis et conseillera au chanoine CANITROT de contacter la Maison Boisseau de Poitiers
(devis du 17 août 1973 qui sera accepté par le maire de Rodez le 18 septembre 1973). Les travaux commenceront le 9 octobre 1973 et
l’instrument sera inauguré par Xavier DARASSE le 5 juin 1974.
- 24 juillet 1975 : réparation et accord par Paul MANUEL de Réalmont (81).
- 10 janvier 1980 : signature du marché entre la ville de Rodez et la société GONZALEZ pour une première tranche de travaux de
restauration.
Les 2 autres tranches prévues ne seront pas réalisées.
- 13 septembre 1982 la partie instrumentale est classée «Monument Historique».
RESTAURATION (1998-2000)
Elle a été confiée par le Ministère de la culture (DRAC Midi-Pyrénées) à la Manufacture d’orgues Gildas MENORET de Nantes (successeur
de la Maison Jean RENAUD). Après accord de la Commission Supérieure des Monuments Historiques (Rapporteur, Georges Lartigau), le
cahier des charges a été confié au technicien-conseil Jean-Pierre Decavèle, Maître d’œuvre de l’opération. Le programme de restauration a
consisté en une restauration à l’identique du grand orgue Th. PUGET construit en 1883-1885 avec correction des altérations :
- reconstruction des 4 jeux disparus ou modifiés (Clochette II rangs, Kérolophaune 8, Dulciana 4, Clairon 4). La Clochette II rangs se
compose de la quinte 2 2/3 et de la tierce 1 3/5 : taille étroite dans les basses et plutôt large dans les dessus.
- rétablissement du Cor anglais 8 (à doubles-cônes et anches libres) qui avait été déposé dans une pièce attenante à la tribune.
- compléter de 3 à 8 rangs le Plein jeu progressif du clavier du grand orgue.
- Une attention particulière a été portée sur l’Alimentation et le circuit du vent qui avaient été modifiés lors de l’installation du moteur
électrique. Il a été rajouté un nouveau réservoir pour optimiser le fonctionnement de la machine Barker et installé des anti-secousses sous
les sommiers du grand orgue. Les postages ont été améliorés.
- Pour faire face à une implantation éloignée des sommiers de Positif et de Récit et obtenir tout de même un toucher précis et léger, PUGET
avait mis au point une combinaison de 2 systèmes : claviers à couples variables et soupapes brisées. Ces deux systèmes ont été remis en
fonctionnement.- Denis Lacorre (étude générale et implantation des notes rajoutées au pédalier), Stéphane Robert (responsable du chantier
mécanique et un remontage intégral de l’instrument) et Frédéric Thibault (harmonisation) ont été les principaux artisans de cette
restauration.
LE BUFFET
Il est l’œuvre de l’architecte VANGINOT pour contenir la partie instrumentale entièrement neuve de Th Puget en 1883-85. Construit en
chêne de très bonne qualité il est en un seul corps de 5 tourelles et 4 plates-faces : tous les tuyaux de façade (les plus grands ont 8 pieds de
haut) ont des écussons romans relevés et ont été coulés dans un bel étain. Le buffet se présente à nous dans un style néo-byzantin avec
quelques éléments néo-gothiques dans le détail de la décoration. Le soubassement de l’orgue est très peu décoré mais cette sobriété est
largement compensée par la luxuriante rambarde de tribune. Le décor est également développé dans les claires-voies et les couronnements.
La tourelle centrale est surmontée d’un Saint Amans avec un petit orgue portatif médiéval ; les quatre autres comportent des tours crénelées
dominées par des lanternes. Quatre anges surplombent les plates-faces.
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HISTORIQUE
RESTAURATION
LE BUFFET
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Diapason, Tempérament
- La 3 = 435 Hz - tempérament égal.
Situation
- l’0rgue est placé en tribune au-dessus du portail d’entrée, au fond de la nef principale.
Propriétaire
- Ville de Rodez.
Aflectataire
- Paroisse Notre-Dame de l’Assomption. 24 rue de l’Embergue, 12000 RODEZ
Bibliographie
- Un dossier «orgue» avec toutes les archives se trouve au presbytère : compte-rendus de conseils de fabrique, devis Puget, lettres d’époque,
etc.
Enseignement de l’0rgue
- CRD (Conservatoire à Rayonnement Départemetal) de l’Aveyron
CONCEPTION ET REDACTION
Gerges LARTIGAU (septembre 2000)
PHOTO
Pierre SERVERA (Rodez)